DIRD : le barrage qui divise et unit l'Égypte, le Soudan et l'Éthiopie

Hydroélectricité : le barrage de la Grande renaissance éthiopienne (GERD) et le défi de l'énergie dans la Corne de l'Afrique


Introduction

La Grand barrage de la renaissance éthiopienne (GERD)avec ses 6 450 MW de puissance et un réservoir de 74 milliards de mètres cubes d'eau, est le projet hydroélectrique le plus ambitieux d'Afrique. Construite sur le Nil Bleu, cette infrastructure n'est pas seulement un symbole de progrès pour l'Éthiopie, mais un nœud géopolitique impliquant l'Égypte et le Soudan dans un jeu complexe de développement énergétique, de sécurité de l'eau et de diplomatie internationale.

Cet article explore la manière dont la DIRD pourrait transformer l'approvisionnement énergétique de trois pays, en analysant les opportunités économiques, les tensions diplomatiques et les défis environnementaux. Avec des données mises à jour jusqu'en 2025, nous nous penchons sur le rôle du barrage dans l'avenir de la Corne de l'Afrique.


Contexte historique : du rêve éthiopien à la réalité

Les origines du projet

Le DIRD a été créé en 2011 pour répondre à la pénurie chronique d'énergie en Éthiopie, où seulement 50% de la population avait accès à l'électricité. D'un coût initial de 4,8 milliards USD, financé par des obligations d'État et des dons de la diaspora, le barrage vise à doubler la production nationale d'électricité et à faire de l'Éthiopie une plaque tournante régionale de l'énergie.

Spécifications techniques

  • Dimensions155 mètres de haut, 1 780 mètres de long, 74 km³ de bassin.
  • Capacité16 153 GWh/an, ce qui permet d'électrifier 40 millions de foyers.
  • BâtisseursWebuild (anciennement Salini Impregilo) pour l'infrastructure civile ; les turbines sont fournies par Voith Hydro Shanghai et China Gezhouba Group.

Impact économique : l'énergie au service du développement

Avantages pour l'Éthiopie

  • Autosuffisance énergétiqueLa DIRD couvrira les besoins de 125 millions d'Éthiopiens, les excédents étant exportés vers le Soudan, le Kenya et Djibouti.
  • Croissance industrielleLe PIB devrait augmenter de 10,2% par an, grâce à l'agriculture irriguée et à l'attraction des investissements étrangers.

Opportunités pour le Soudan et l'Egypte

  • Lutte contre les inondationsAu Soudan, le barrage réduira les dommages causés par les inondations saisonnières, protégeant ainsi 2 millions d'hectares de terres agricoles.
  • Énergie à faible coûtLe Soudan a déjà conclu des accords pour acheter 1 000 MW à un tarif subventionné, tandis que l'Égypte envisage des importations par le biais de réseaux régionaux.

Tensions géopolitiques : l'eau contre la sécurité nationale

Le dilemme égyptien

L'Égypte dépend du Nil pour 90% de ses ressources en eau, avec une disponibilité par habitant de seulement 550 m³/an, bien en dessous du seuil de rareté. Le remplissage rapide du DIRD (3 ans selon l'Éthiopie contre 7 demandés par l'Égypte) risque de réduire le débit du fleuve de 25%, menaçant l'agriculture et la stabilité sociale.

Échec des accords et des médiations

  • Traités historiquesLes accords de 1929 et 1959, signés avec le Soudan et la Grande-Bretagne, garantissaient à l'Égypte 55,5 km³ d'eau par an, mais excluaient l'Éthiopie.
  • Médiations internationalesLes tentatives de médiation des États-Unis, de la Banque mondiale et de l'Union africaine n'ont abouti qu'à des accords non contraignants. En 2023, le remplissage unilatéral du barrage a exacerbé les tensions.

Le rôle du Soudan

Le Soudan, initialement allié de l'Egypte, a évolué vers des positions plus conciliantes avec l'Ethiopie, attiré par les avantages en matière de gestion des inondations et d'accès à une énergie bon marché. Cependant, la guerre civile qui a éclaté en 2023 entre les factions al-Burhan et Hemedti risque de déstabiliser davantage les négociations.

al-Burhan et Hemedti

Défis environnementaux et solutions innovantes

Risque de sécheresse et changement climatique

L'Égypte est déjà confrontée à une crise de l'eau : le ministre Hani Swailem a déclaré que les ressources disponibles sont inférieures de moitié aux besoins et que les coûts de dessalement s'élèvent à 0,5 USD/m³ 4. La DIRD vient s'ajouter à une situation déjà critique, avec des prévisions de perte de 30% de la production agricole d'ici 2040 en raison du réchauffement climatique.

Stratégies d'adaptation

  • Agriculture durableProjets de l'Union européenne : Projets de l'Union européenne Agriculture intelligente face au climat pour réduire le gaspillage d'eau dans le 40%.
  • DessalementL'usine d'Ain Sokhna, financée par l'Arabie Saoudite, produira 164 000 litres/jour.

Perspectives d'avenir : collaboration ou conflit ?

Scénario optimiste : un réseau énergétique régional

Le RGO pourrait devenir le pilier d'une Réseau électrique panafricainreliant l'Éthiopie, le Soudan, l'Égypte et d'autres pays par l'intermédiaire de laSystème électrique continental africain. Cela nécessiterait :

  1. Accords contraignants sur la gestion de l'eau, sous les auspices de l'Union africaine.
  2. Investissement dans les infrastructures transnationales, telles que la ligne de transmission Éthiopie-Soudan-Égypte (ESE) de 2 000 MW.

Scénario critique : escalade militaire

Malgré ce ton pacifique, le président égyptien al-Sisi a qualifié la DIRD de "question de sécurité nationale" en 2024, laissant entrevoir la possibilité d'une intervention militaire si les flux d'eau étaient compromis.

Président égyptien al-Sisi

Un carrefour pour la Corne de l'Afrique

Le RGO n'est pas seulement un barrage, mais un tests de coopération internationale. Comme l'a souligné le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed : "L'eau du Nil est suffisante pour tout le monde, si elle est gérée avec sagesse". .

Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed

Pour ce faire, ils sont nécessaires :

  • Un dialogue transparentSurmonter les vetos historiques et adopter des mécanismes de partage équitable.
  • Technologie verteLes solutions d'intégration telles que le dessalement et l'agriculture de précision.
  • Soutien globalImpliquer des organismes tels que les Nations unies et la Banque mondiale dans des projets d'atténuation du changement climatique.

Conseils pour :

  • InvestisseursSoutenir les projets hybrides (hydroélectricité + énergie solaire) afin d'équilibrer la production d'énergie et la sécurité de l'approvisionnement en eau.
  • GouvernementsSigner un Pacte du bassin du Nil incluant les 11 pays du bassin.
  • CitoyensPromouvoir des campagnes de sensibilisation sur l'utilisation responsable de l'eau.

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