Cameroun : Message du Chef de l'Etat à la Nation

Les Camerounais, les Camerounais,

Mes chers compatriotes,

L'année dernière, dans les mêmes circonstances, j'ai fait le point sur la situation qui vous est présentée dans trois domaines fondamentaux de la vie de notre pays.

Ensemble, nous avons constaté que la situation sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest reste préoccupante, malgré les appels aux insurgés à déposer les armes. La priorité doit donc être donnée à la recherche d'une solution.

Nous avons également pu constater que notre croissance économique progressait, mais qu'elle devait être consolidée afin de rester sur la trajectoire d'urgence.

Enfin, des preuves ont été fournies pour montrer que le progrès social au Cameroun n'est pas un mot vide. Ce complément essentiel de notre système démocratique est en cours dans ses différentes composantes : éducation, santé, emploi, etc. même si, bien sûr, des progrès sont encore possibles.

Où en sommes-nous un an plus tard ?

1. En ce qui concerne le PROGRÈS SOCIAL, notre objectif reste d'améliorer les conditions de vie de nos concitoyens et, à terme, d'éliminer la pauvreté.

Il s'agit d'une tâche considérable qui nécessite des ressources financières importantes. Les budgets qui lui sont consacrés sont importants et, bien sûr, dépendent du niveau des recettes publiques. Ceux-ci dépendent à leur tour de la santé de notre économie, dont je parlerai dans un instant.

En tout état de cause, sachez que les efforts déployés ces dernières années dans ce domaine seront poursuivis et, si possible, amplifiés.

2. En ce qui concerne la CROISSANCE DE NOTRE ÉCONOMIE, je crois pouvoir dire qu'elle se développe de manière assez satisfaisante, même si elle reste contrariée, entre autres, par un environnement international incertain.

Au cours de la dernière période, un travail considérable a été réalisé pour corriger la situation dans le cadre du programme économique et financier conclu avec le FMI. Notre croissance a repris, l'inflation est maîtrisée, les déficits budgétaires et extérieurs sont contenus et notre dette publique reste viable.

Le programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour 2020, récemment présenté à l'Assemblée nationale, s'inscrit dans ce continuum. Elle est basée sur une hypothèse de croissance de 4%, ce qui devrait nous permettre de rester sur la voie de l'accès d'urgence en 2035. Cet objectif est également reflété dans notre projet de stratégie nationale de développement pour 2020-2030.

C'est l'occasion pour moi de remercier nos partenaires extérieurs, le FMI déjà cité, mais aussi la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l'Agence française de développement, pour leur appui budgétaire et leur soutien à nos réformes structurelles.

Cela signifie-t-il que nous pouvons nous reposer sur nos lauriers ? Certainement pas. Notre objectif reste d'atteindre l'émergence d'ici 2035. Mais compte tenu de l'instabilité de l'environnement international et des tensions commerciales qui mettent en péril le commerce, nous devrons probablement faire des efforts supplémentaires pour rester sur la trajectoire de la reprise. durabilité économique de notre pays. Je crois que nous pouvons le faire.

Cette relance doit être pour nous une ardente obligation qui mobilisera toutes nos énergies. Elle exige non seulement l'amélioration des conditions de vie des Camerounais, mais aussi l'exercice pacifique des droits démocratiques.

3. LA SITUATION DE SÉCURITÉ DANS NOS RÉGIONS DU NORD-OUEST ET DU SUD-OUEST demeure.

Il s'agit sans aucun doute de l'un des problèmes les plus urgents à l'heure actuelle. L'activité criminelle des groupes armés continue de perturber la vie publique, économique et sociale dans ces régions. Cependant, diverses mesures ont été prises ces derniers mois pour motiver ces jeunes, dont la plupart ont été endoctrinés. Des appels à déposer les armes ont notamment été lancés et des perspectives de réinsertion sociale ont été ouvertes.

Pour ceux qui s'obstinent à rester sur la mauvaise voie et continuent à utiliser la violence, nous n'aurons d'autre choix que de les combattre pour protéger tous nos concitoyens. Nos forces de défense et de sécurité feront une fois de plus leur devoir avec retenue, mais sans faiblesse. Je tiens à les assurer de mon soutien total et de ma haute considération.

Auparavant, des décisions avaient été prises pour convaincre nos compatriotes des deux régions concernées de la volonté du gouvernement d'accorder aux collectivités locales les pouvoirs qui leur permettraient de s'impliquer davantage dans la gestion des affaires locales. Il a également été confirmé que des dispositions avaient été prises pour accélérer la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme.

Il convient également de souligner qu'en manifestant de diverses manières sa solidarité avec les victimes des atrocités et des exactions des bandes armées, la nation dans son ensemble a montré son soutien à la politique du gouvernement.

Toutefois, conscient des longs délais de mise en œuvre des réformes envisagées et soucieux de réduire les désagréments et les souffrances de nos compatriotes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, j'ai décidé d'ouvrir, à la fin du mois de septembre - on m'excusera de citer -

"un grand dialogue national qui doit permettre, dans le cadre de notre Constitution, d'examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des peuples du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de toutes les autres composantes de notre nation".

Je m'en suis longuement expliqué le 10 septembre, dans un message à tous nos compatriotes. J'ai estimé qu'il avait été largement approuvé par notre opinion publique, ainsi que par diverses organisations internationales, dont les Nations unies et plusieurs pays amis.

Précédé, comme je l'ai mentionné, par plusieurs offres de paix faites aux insurgés et accompagné de la libération de plusieurs centaines de détenus, ce " Grand Dialogue National " s'est effectivement déroulé du 30 septembre au 04 octobre 2019. Elle a rassemblé un large éventail de représentants de la société camerounaise.

Je voudrais aujourd'hui remercier tous ceux qui ont eu la gentillesse de participer et féliciter ceux qui l'ont organisé, en premier lieu le Premier ministre, chef du gouvernement.

J'ai senti que les participants ont vécu un grand moment de communion qui leur a permis d'exprimer leur attachement à la paix et à l'unité nationale.

J'ai pu apprécier le fait que les Camerounais, dans leur ensemble, ont accepté un bon nombre des propositions du Grand Dialogue National.

Depuis le 10 décembre 2019, l'Assemblée nationale et le Sénat ont adopté un projet de loi relatif à la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme. Il stipule que l'usage du français et de l'anglais doit s'appliquer à toutes nos institutions publiques. Le respect de cette loi, j'en suis sûr, renforcera le caractère bilingue de notre pays.

Par ailleurs, le 15 décembre 2019, dans le cadre d'une session extraordinaire de l'Assemblée nationale et du Sénat, un projet de loi portant Code général des collectivités territoriales décentralisées a été soumis à l'examen de nos deux chambres parlementaires. Ainsi, nos députés et sénateurs ont adopté un projet de loi qui prévoit des avancées décisives dans notre processus de décentralisation, notamment en ce qui concerne le statut des élus locaux, le fonctionnement des assemblées locales et l'attribution de nouvelles ressources financières importantes aux régions.

En ce qui concerne plus particulièrement le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, le statut spécial dont bénéficient ces régions tient compte des spécificités du sous-système éducatif anglophone, de la common law et de la domination traditionnelle.

Mes chers compatriotes,

Comme vous pouvez le constater, c'est un nouveau Cameroun qui prend forme. Un Cameroun adapté à l'époque actuelle. Le Cameroun est tourné vers l'avenir.

Pour y parvenir, nous avons connu de nombreuses épreuves. Comme par le passé, ensemble, nous les avons tous surmontés.

Dans ces grandes opportunités de sept ans pour le Cameroun, le Grand Dialogue National a ouvert la voie pour que nous avancions résolument sur le chemin de la paix, de l'unité nationale et du progrès : des valeurs qui ont toujours fait la grandeur de notre pays.

Les Camerounais, les Camerounais,

Mes chers compatriotes,

Avant de conclure, je voudrais dire quelques mots sur notre système démocratique.

Lorsque les conditions étaient réunies et qu'ensemble nous avions jeté les bases de la démocratie dans notre pays, j'étais conscient que la route serait semée d'obstacles. C'était effectivement le cas, mais nous avons fait des progrès considérables.

Malheureusement, une minorité, au Cameroun comme dans la diaspora, semble avoir oublié les règles qui régissent la vie démocratique. Faut-il rappeler qu'une démocratie a pour seul arbitre le peuple souverain ?

Lorsque ce dernier s'est exprimé par le biais d'élections libres et transparentes et que les résultats sont annoncés après examen des recours possibles, ces résultats doivent être respectés et acceptés par tous.

Ce ne sont ni les médias sociaux ni tel ou tel organe de presse qui peuvent changer les résultats d'une élection, et encore moins les manifestations illégales, la violence et les attaques personnelles ou haineuses. Rappelez-vous que j'ai dit à l'époque : "Débattons, ne nous battons pas. Alors comportez-vous comme des citoyens d'un pays démocratique.

Si vous voulez participer à la vie démocratique de votre pays, vous devez respecter les règles et faire campagne dans des partis politiques dont les activités se déroulent dans le cadre du respect de la loi. Il vous sera loisible de le vérifier lors des prochaines élections municipales et législatives du 09 février 2020.

Des mesures de sécurité ont été prises afin que, sur l'ensemble du territoire, tous nos concitoyens puissent exercer leur droit de vote. Si nécessaire, ils seront encore renforcés. J'invite donc tous les Camerounais inscrits sur les listes électorales à voter, sachant qu'ils éliront des femmes et des hommes qui traduiront dans les faits les réformes souhaitées par le peuple camerounais, notamment l'accélération de la mise en œuvre de la décentralisation.

En ce qui concerne le comportement excessif de certains de nos compatriotes de la diaspora - qu'ils soient Camerounais ou non - je pense qu'ils devraient, par patriotisme, s'abstenir de tout commentaire négatif sur leur pays d'origine. On doit toujours respecter sa patrie, ses institutions et ceux qui les incarnent.

Mes chers compatriotes,

Faisons du Cameroun une terre de grandes opportunités de développement économique et social, dans la paix et l'unité.

Bonne année 2020 à tous.

Vive la République !

Vive le Cameroun !

italiacamerun Aedic association

A.E.D.I.C.
Cameroun - Yaoundé
Italie - Gorizia

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